QUÉBEC, le 16 sept. 2024 - Le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) a déposé hier son mémoire dans le cadre de la consultation sur le décret d'urgence visant à protéger l'habitat du caribou boréal au Québec que veut imposer le gouvernement fédéral.
Un décret incohérent à plusieurs niveaux
Le CIFQ souligne d'emblée l'incohérence de ce décret qui cible uniquement l'industrie forestière alors que tous les utilisateurs et toutes les entreprises, peu importe le type d'activité qu'ils réalisent, ont un impact sur l'espèce et son habitat. S'il est requis d'abaisser le taux de perturbation dans les zones de protection, l'ensemble des activités doivent être restreintes. De plus, le décret proposé par le fédéral, loin de constituer une solution, n'est qu'une cloche de verre, sans mesure concrètes de restauration et de moyens (financiers) de mise en œuvre.
Dans la même veine, le CIFQ veut également signaler l'incohérence de ce décret avec les engagements internationaux et les objectifs de réduction de GES du Québec et du Canada. En effet, le gouvernement du Canada ayant reconnu l'importance de la transition vers une économie plus verte, doit également reconnaître l'importance des approvisionnements en bois comme outil de lutte contre les changements climatiques. « Le bois est une ressource renouvelable, issue de forêts gérées de façon durable qui permet de remplacer des matériaux intensifs en carbone, que ce soit dans le secteur de la construction, des bioénergies ou encore pour remplacer des plastiques à usages uniques utilisés au quotidien », a déclaré le président-directeur général du CIFQ, Monsieur Jean-François Samray.
Des impacts majeurs et sous-estimés pour l'ensemble du Québec
L'imposition du décret par le gouvernement fédéral aura des impacts majeurs et sous-estimés pour l'ensemble du Québec. Il est requis, afin d'avoir un portrait adéquat de l'impact économique, de prendre en compte les impact directs et indirects, les pertes fiscales pour les gouvernements, les impacts liés à la dévitalisation économique des communautés touchées et les impacts sur l'ensemble de la filière, dans les marchés connexes. C'est en tenant compte de tous ces intrants que le gouvernement pourra vraiment prendre la réelle mesure des coûts associés au décret.
Le CIFQ évalue à près de 6,5 G$ l'impact sur 10 ans du manque à gagner du décret fédéral sur l'économie québécoise alors que, sans mesures de restauration ou de contrôle des prédateurs, les avantages du décret sur la probabilité de rétablissement du caribou pour ces trois hardes, sont loin d'être démontrés.
L'industrie forestière : en faveur de la protection du caribou et d'avis qu'il existe des solutions pragmatiques et cohérentes qui peuvent et doivent être mises en place
« Il faut arrêter d'opposer foresterie et protection. Pour le CIFQ et ses membres, ces deux objectifs sont possibles simultanément si la gestion forestière passe d'un mode extensif à un mode intensif et que l'État se donne les moyens pour y arriver. Le territoire forestier du Québec est suffisamment vaste pour trouver un équilibre entre les aires de conservation, de récolte, de villégiature et de production d'énergie verte. Il ne s'agit pas de faire un choix, mais d'agir de manière globale dans le respect de tous utilisateurs des forêts québécoises. C'est en misant sur la concertation et la coopération que des solutions équilibrées et durables pourront être identifiées, et non par l'imposition de restrictions pures et simples », a ajouté monsieur Samray.
Le CIFQ rappelle d'ailleurs qu'il a proposé plusieurs solutions concrètes dans son mémoire Pour une approche concertée en matière de gestion adaptée du caribou et de son habitat déposé dans le cadre de la Commission indépendant sur les caribous forestiers et montagnards. Il y est notamment question d'intensification, de contrôle de la prédation ainsi que de sylviculture.
Pour consulter le mémoire du CIFQ sur le décret fédéral :
https://cifq.com/documents/file/Pages%20flottantes/2024-09-15-memoire-cifq-decretcaribou-final.pdf
Pour consulter le mémoire du CIFQ déposé dans le cadre de la Commission indépendant sur les caribous forestiers et montagnards en 2022 : https://cifq.com/documents/file/memoires/2022-05-31-memoire-du-cifq-soumis-a-la-commission-independante-sur-le-caribou(2).pdf
À propos du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ)
Principal porte-parole de l'industrie forestière du Québec, le CIFQ représente les intérêts des entreprises de sciage résineux et feuillus, de déroulage, de pâtes, papiers, cartons et panneaux et fabricants de bois d'ingénierie.
Rappelons que l'industrie forestière est un moteur de développement économique pour le Québec pour plus de 900 municipalités au Québec. Comme indiqué dans l'étude d'impact réalisée par PwC portant sur l'année 2021, elle emploie près de 130 000 travailleurs et génère des revenus d'emploi totalisant plus de 7,5 G$. En termes de contribution aux différents paliers de gouvernements, elle a versé 6,8 G$ en revenus fiscaux et parafiscaux. Elle représente 12 % des exportations du Québec et la contribution au PIB de l'ensemble de l'activité générée par l'industrie totalise près de 18 G$. Avec sa capacité de séquestration et de stockage du carbone et son potentiel dans la production de bioénergies et de bioproduits, le secteur forestier est un outil contribuant à la lutte contre les changements climatiques.
Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ)
https://cifq.com
SOURCE Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ)
Source : Véronique Normandin, Vice-présidente - Communications et relations publiques , veronique.normandin@cifq.qc.ca, (418) 573-7093